Sur le site de PIEBIEM : https://piebiem.webnode.fr/l/tres-cheres-energies-eoliennes-le-rapport-de-la-cre

La CRE avertit que les énergies renouvelables coûteront six fois plus cher que prévu à l’Etat en 2024 qu’en 2025, le soutien public aux ENR atteindra 6 milliards d’euros et qu’il faut encore s’attendre à de fortes augmentations les années suivantes, particulièrement en raison du développement de l’éolien en mer. Pour limiter l’hémorragie, elle préconise de diminuer les obligations d’achat par EDF et de favoriser les contrats privés, un pari pas évident ! Concernant l’éolien en mer, elle estime que RTE a sous-évalué le coût du raccordement – l’inflation actuelle sur les câbles lui donne raison : “nous ne négocions pas, ils imposent” (RTE)

Les énergies renouvelables coûteront six fois plus cher que prévu à l’Etat en 2024

Une fois le bouclier tarifaire terminé, le gouvernement pensait s’alléger d’importantes charges sur l’énergie. C’était sans compter sur le retour d’un soutien important aux renouvelables, alors que les prix de marché baissent davantage que prévuRésultat : les charges qu’il devra compenser, c’est-à-dire les montants à rembourser à ces opérateurs, s’élèvent à 4,2 milliards d’euros sur l’année, a fait savoir mardi soir la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Soit 3,5 milliards d’euros de plus que ses prévisions initiales, qui datent de juillet dernier

Dans un article très pédagogiqueLa Tribune explique: « Une bonne partie de ces infrastructures se trouvent sous contrats dits « de complément de rémunération », afin de ne pas subir la volatilité de la bourse d’échangeConcrètement, un prix cible pour la vente de l’électricité des producteurs d’énergies renouvelables, appelé « strike price », est défini lors d’un appel d’offres. Si les cours du marché tombent en-dessous de ce montant, qui est proche de leurs coûts de production, l’Etat se doit de leur rembourser la différence. Et ce, afin d’éviter qu’ils ne vendent à perte sur les marchés. A l’inverse, lorsque les cours du marché dépassent ce « strike price », les producteurs doivent restituer le surplus à la puissance publique, pour éviter tout superprofit »

Et après 2024 ? « Selon la CRE, les dépenses de l’Etat liées au soutien aux énergies renouvelables devraient continuer d’augmenterpour atteindre autour de 6 milliards d’euros en 2025, « soit un retour au niveau d’avant-crise ». Et cette tendance se poursuivra probablement après cette date, si tant est que les prix de marché ne redécollent pas… Le soutien à l’éolien en mer va s’accélérer, ainsi que celui à l’injection de biogaz. Cela est de nature à augmenter les charges »

Quand les promoteurs éoliens sont pris dans leurs mensonges et quand la CRE corrige des erreurs qui lui ont coûté cher

« Alors qu’en avril 2022, l’association France Energie Eolienne (aujourd’hui France Renouvelables) assurait que d’ici à 2035, l’éolien rapporterait à l’Etat une recette nette estimée à 18 milliards d’euros à l’Hexagone, ces projections ne sont plus d’actualité, explique Mattias Vandenbulcke, son directeur de la stratégie.« Ce sera beaucoup moins… »

Ce ne sera pas beaucoup moins, ce sera l’inverse, c’est-à-dire l’Etat qui subventionnera massivement les producteurs éoliens. La fable de l’éolien rentable pour l’Etat n’aura pas duré longtemps, elle aura duré le temps de la crise de 2022-2023, où l’électricité a atteint des prix stratosphériques et économiquement et socialement insoutenables.

Contrairement à ce qu’ils prétendent, les producteurs éoliens n’ont jamais remboursé leurs subventions, ils ont simplement engrangé des surprofits considérables dans une période de crise et contribué en conséquence, assez modestement, à un bouclier énergétique que la CRE évalue à 26,3 Md€, dont 21,5 Md€ pour l’électricité et 4,8 Md€ pour le gaz.

« Les énergies renouvelables électriques ont représenté une recette importante pour le budget de l’Etat pendant la crise des prix de gros de l’électricité au titre de 2022 (1,9 Mds€ de recettes) et encore plus s’agissant des charges au titre de 2023 (4,0 Mds€ de recettes), notamment… Le coût global pour les charges de service public de l’électricité des dispositifs de protection des consommateurs d’électricité et de gaz de 2021 à 2024 est estimé à jour à 26,3 Md€, dont 21,5 Md€ pour l’électricité et 4,8 Md€ pour le gaz. »

Encore la CRE précise-t-elle que « la contribution des énergies renouvelables électriques au titre de 2023 est pour moitié due au déplafonnement des contrats de complément de rémunération à compter de 2022, tel que prévu par la loi de finances pour 2024. »

Autrement dit, les promoteurs éoliens auraient du payer nettement moins puisque leurs contrats prévoyaient un plafonnement de leurs reversements que le gouvernement a partiellement et tardivement supprimé en urgence.

Les changements préconisés par la CRE : vente directe, diminution des l’obligations d’achat par EDF

Pour tenter de juguler quelque peu le flot d’argent public irrigant les producteurs ENR, la CRE préconise de favoriser le développement des Power Purchase Agreements, ou PPA, ces contrats de droit privé liant un producteur d’électricité à un ou plusieurs consommateurs, notamment des entreprises. Ce seraient directement les consommateurs privés intéressés qui subventionneraient ainsi les ENR et non plus le budget de l’Etat. On parie que les entreprises se précipiteront ? La CRE prévoit de favoriser la mise sur le marché de volumes actuellement sous obligation d’achat par EDF. Au moins, cela soulagera un peu EDF, présentement vache à lait des producteurs ENR.

Sources : la Tribune, Les énergies renouvelables coûteront six fois plus cher que prévu à l’Etat en 2024 lien ; Délibération de la Commission de régulation de l’énergie du 11 juillet 2024 relative à l’évaluation des charges de service public de l’énergie pour 2025 et à la réévaluation des charges de service public de l’énergie pour 2024. lien

Eolien en mer, raccordement et câbles : l’avertissement de la CRE à RTE

Rappelons également que la CRE a averti au début de cette année RTE sur une sous-estimation certaine des coûts de raccordement de l’éolien en mer : « RTE prépare les chantiers des futures fermes en mer, mais “constate de fortes tensions” sur l’approvisionnement des composants nécessaires, notamment pour les matériels en courant continu. “Dans ces conditions, les coûts prévisionnels des raccordements des parcs éoliens en mer devraient être supérieurs aux niveaux anticipés“.

« La CRE demande à RTE de mettre à jour le référentiel de coûts relatif à la reconstruction des postes électriques, en se fondant sur le retour d’expérience de projets récents comparables. La CRE demande également à RTE de lui transmettre, dans le bilan d’exécution intermédiaire du programme 2024 à mi-année, une mise à jour de la justification technico-économique des projets du plan PSEM (reconstructions et mises en bâtiment) afin de lui permettre de se prononcer sur les conditions de la poursuite du plan »

« Nous ne négocions pas. Ils imposent ».

De fait, le coût des câbles pour les interconnexions est en train d’exploser et RTE, qui en début d’année assurait s’être couvert par des achats importants de câbles commence vraiment à s’inquiéter. Gilles Etheimer, responsable des achats chez RTE en convient: « C’est inquiétant. Les prix augmentent considérablement et les contrats sont plus difficiles à ajuster parce qu’ils ont beaucoup d’affaires. Nous ne négocions pas. Ils imposent. »

Cf notre tribune : Énergies renouvelables, interconnections, réseaux : la concurrence pour les câbles sera rude ! lien

Sources : Délibération de la Commission de régulation de l’énergie du 8 février 2024 portant approbation du programme d’investissements 2024 de RTE lien , Docu Vérité lien 

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